*Ci-haut, diaporama de photographies réalisées au 19è siècle par Damase Couillard DeBeaumont.et aussi par son frère, François-Xavier et par son fils, Napoléon

 

DEBEAUMONT,  PHOTOGRAPHES

 

Sans autre obligation de votre part que de contribuer à faire connaître le travail des artisans photographes suivants:

  • François-Xavier Couillard de Beaumont, utilisant le procédé du daguerréotype, 
  • Damase Couillard de Beaumont, utilisant les procédés du ferrotype et de l'albumine argentique, 
  • Mme Damase Couillard DeBeaumont, née Anastasie Beaupré, 
  • Louis-Napoléon Couillard DeBeaumont, leur fils,

et aussi, et peut-être surtout, à enrichir le patrimoine socio-culturel de notre ville de QuébecAppel à quiconque détiendrait un patrimoine familial incluant des photographies anciennes des susnommés, contribuant ainsi à enrichir une ébauche biographique en cours sur Wikipedia, et à laquelle vous pourrez collaborer en étoffant le répertoire de leur oeuvre photographique réalisée le plus souvent sur des commandes individuelles, familiales et privées.

Ces photographes professionnels de la même famille ont tous trois tenu un studio de photographie à St-Roch, Québec - le plus souvent, mais pas toujours, au 239, rue St-Joseph - de 1864 à 1884.

Le Musée national des Beaux-Arts présente en ligne, sur leur site, une douzaine de leurs oeuvres et le Musée McCord à Montréal en détiendrait d''autres issues et don de la collection Allard et Poitras.  

Cliquez


 

Le 19è siècle: un défi colossal

suite à une série de déconfitures économiques affectant toute une génération de Couillard de Beaumont

Aquarelle, chemin du Domaine (section ruisseau de l'église)Beaumont. Ca 1821. Auteur inconnu (MNBAQ, Collections, sous "Beaumont" cons. 09-08- 2020)

 

La chasse

 

" ... ce moment fugace, familier au chasseur où,

rendu à sa première nature,

ses narines,

humant la sueur de la proie,

devinant le frisson du gibier à sa merci,

frémissent." 

 

précédé par "La traque"

 

"... sans encore en ressentir l'ivresse, 

ils plaçaient leurs pas les uns dans les autres,

judicieusement,

furtivement,

avec la sûreté de ceux qui savent ce qu'ils font..." 

Paule Juliette de Beaumont

 

 

Seigneurs de Beaumont  au 19è siècle, la  VRAIE  HISTOIRE 

 

Il faut le souligner, cela se passa à la toute fin du 18è siècle, début du 19è, il y a donc 175 ans, dans le contexte du changement de régime français à l'anglais, période où celui qui sera le dernier seigneur Couillard de Beaumont nomma Louis Turgeon, notaire, comme son gestionnaire et procureur général, selon les termes d'un contrat notarié de 1794.

Comme on le verra, ce Louis Turgeon était fort probablement le fils, puisque le père du même nom, marchand et veuf de Françoise Couillard de Beaumont, décédera en 1800 (nosorigines.qc.ca).

Ce dernier seigneur Couillard  de Beaumont, prénommé Charles et marié à Françoise Dessaint dite St-Pierre, était-il malade pour avoir ainsi confié sa gestion seigneuriale à son cousin? Possiblement, puisqu'il est décédé quelques années plus tard , en 1799, à l'âge de 42 ans seulement.

Toujours est-il que d'une dette raisonnable héritée en 1793, par contrat de donation du grand-père, encore vivant - qui avait fortement doté l'une de ses filles mariée à Lafontaine de Belcour, un conseiller à Québec, moyennant une renonciation du couple à la succession, balance de dot réclamée par Lafontaine et  payée par la famille Couillard de Beaumont en 1795 - la veuve Dessaint St-Pierre hérita à la mort de son mari d''une dette quintuplée, la construction d'un moulin aidant.

Le gestionnaire et procureur Louis Turgeon - fils pour sûr puisque le père du même nom est alors décédé - devenu créancier de la famille seigneuriale, profite de la situation en intentant une poursuite contre la veuve de Beaumont en la mettant en demeure de le rembourser. (Cour du Banc du Roi, terme supérieur, Louis Turgeon vs Fre DeSaint dite St-Pierre, 20 mai 1801 et suivants).Ce qui, après diverses tentatives, du grand-père surtout, de satisfaire ce créancier en renflouant les coffres par diverses ventes de portions de terre ici et là, n'a pu être fait.

La seigneurie a donc été vendue aux enchères en août 1806 et les profits de cette vente ont été, comme de coutume, d'abord  aux ayant droit, d'abord le créancier, puis le grand-père par son contrat de donation, puis la veuve par son douaire et enfin aux héritiers déchus, les enfants (Cour du Banc du Roi, Ls Turgeon vs Fre DeSaint St-Pierre, 20 février 1807)

Ainsi, Louis Turgeon, notaire et gestionnaire de feu le seigneur de Beaumont, acheta comme meilleur enchérisseur les terres du domaine seigneurial de Beaumont, en plus d'u quart des terres de St-Charles, ce, en plus d'un autre quart de St-Charles dont il avait hérité par la mort de son père en 1800 qui, lui-même, l'avait acquis par le décès en 1768 de son épouse, Françoise Couillard de Beaumont, soeur du seigneur principal d'alors, le grand-père cité plus haut, celui qui avait réglé sa succession envers ses enfants par contrat notarié en 1794. 

Habile et avisé, Louis Turgeon, fils, qui venait d'acquérir un quart de la portion St-Charles de la seigneurie en plus du quart héritée de sa mère - l'autre quart de St-Charles étant échu à ses deux soeurs - possédait ainsi en 1807 la moitié du territoire seigneurial de St-Charles et 1/8, plus une autre petite section, de la portion Beaumont de la seigneurie.

Au cours du 19è siècle, les subdivisions successives du territoire seigneurial occasionnées par les diverses successions rendent l'appréhension de la propriété du territoire, complexe. 

 Vous croyez que c'est toute l'histoire... bien que moins que les concernés, nous l'aurions souhaité vivement.

 

La poussière des événements s'étant dispersée, la vie a continué de la façon suivante pour mes ancêtres et les proches apparentés: Françoise Dessaint, la veuve du dernier seigneur de Beaumont, acheta une belle terre aux limites ouest de St-Michel et est de St-Charles; l'aîné, Charles, a joint les Voltigeurs de Québec dans leur combat contre les Américains en 1812-14, puis est devenu instituteur à St-Nicolas; mon ancêtre, Hilaire, a été lieutenant, puis adjudant du commandant dans la milice régionale; les filles se sont mariés, l'une à François Gosselin et l'autre, à Jean-Baptiste Marcoux, quant à Joseph, il était en apprentissage à Québec dans un cabinet d'avocat lors des procédures judiciaires, place qu'il n'a pu garder... faute de fonds;.enfin, le cadet, Flavien, s'est établi à St-Gervais. 

 

C'est justement de lui dont il est d'abord question puisqu'en 1840, après avoir payé une partie de son dû à François Quirouet, juge de paix de la région, il déclare en Cour que son créancier susnommé a accepté par contrat notarié que la balance de sa dette lui soit remboursée par deux frères Turgeon (encore!) qui lui devaient, à lui, le même montant que celui dû à Me Quirouet, mais que comme ce dernier a beaucoup tardé à réclamer son dû auprès des dits deux frères, ces derniers ont eu le temps d''officiellement déclarer banqueroute sans avoir remboursé Quirouet dont la femme, Catherine MacKenzie - Quirouet étant décédé - revient alors contre Flavien qu'elle fait saisir en 1846, alors qu'il demeure dorénavant à St-Roch, Québec (1).

Note: Flavien était le père des photographes, François-Xavier et Damase et du notaire, cadet de la famille, Romuald, qui a probablement bénéficié de l'aide de ses aînés pour devenir notaire.

 

Bien que les tournures de phrase ancienne, cela pairé à une formulation judiciaire, elle aussi archaïque, soient complexes, la même chose, ou à peu près, semble être arrivé à mon ancêtre, Hilaire, dont j'ai douté de l'intelligence avant de découvrir qu'il était adjudant de la milice régionale et secrétaire du commandant, ce qui, en ce que j'en aie lu, requerrait, en sus d'une excellente connaissance des règlements, de l'entregens, et la connaissance de tout le monde de la région. Croyait-il encore être à l'époque de la protection souvent dite paternaliste des vieux seigneurs canadiens? Car si, dans le premier cas entre 1841 et 43, celui du demandeur Bacquet dit Lamontagne et de sa femme, Élizabeth Ahern, il n'est question que d'une malheureuse et banale dette de 25 livres - anglaises sûrement (3)- dans la 2è situation, celle de 1844-45 (2), je crois comprendre qu'il s'est porté garant - Dieu sait pour quelle raison, une promesse verbale ou que sais-je - pour un certain Jean Couture, d'une dette d'une quarantaine de livres que ce dernier ne lui remboursa jamais et dont mon arrière-arrière-grand-père fera sévèrement les frais, puisque des biens pour 41 livres anglaises 6 chelins (près de 1000 livres françaises)lui seront saisis.

Adjudant du commandant de milice jusqu'à sa mort, donc pourvu d''instruction et de notoriété, il a dû se frapper la tête sur les murs en se demandant comment il avait pu commettre une telle bévue... Une tragédie: il est mort 2 mois plus tard seulement, en septembre 1845. J'en ressens encore de la tristesse.

Il laissait seuls et plus ou moins sans ressources une femme, Françoise Lacroix, et cinq enfants, dont mon arrière-grand-père Elzéar - le patriarche sur la vieille photo de famille sepia - qui n'avait alors que 3 ans, et sa soeur aînée, Marie, qui se mariera à Joseph Bergeron de Sillery et qu'Elzéar ira rejoindre là autour de 1865.

 

Dans cette histoire, Françoise Dessaint dit St-Pierre, fille d'Ignace et de Marthe Fournier dont la famille était domiciliée à St-Thomas de la Rivière-du-Sud, maintenant Montmagny, s'est comportée de façon remarquable, voire judicieuse. Après avoir vécu 18 ans à Beaumont comme seigneuresse, elle semble bien avoir bien géré la débandade, puisqu'elle réussit à acheter, avec la part à elle échue grâce à son douaire, une très belle terre du 2è rang, aux limites ouest de St-Michel et partie de cette paroisse.

Si elle a dû assister, impuissante, à la déconfiture de ses enfants l'un après l'autre, en 1844 elle s'est rappelé que son fils Charles, 5e du nom, décédé en 1828, n'avait pas réclamé les terres promises à ceux qui joignaient la guerre américaine de 1812-14, don qui ;pouvait être muté en une somme de 40 livres anglaises qu'elle a donc réclamée à titre posthume, peut-être au profit de la famille en difficulté d'Hylaire et de Françoise Lacroix.

 

À   noter que Françoise qui a survécu à ses deux aînés mourra à St-Charles - à vérifier, infos contradictoires - en 1847 âgée de 86 ans où était demeuré aussi son petit fils, Damase, fils aîné d'Hilaire, alors marié à Odile Briard, et ses deux filles mariées, Émérentienne - surnommée Mérance - et Julie. Tant bien que mal, la vie tentait de se refaire.

 

Parce que j'ai tellement lu de bouquins anciens et contemporains se rapportant à la période française, je crois que, via des changements de moeurs et de pratiques après la Conquête, tout ceci illustre éloquemment le changement de régime, l'un où, plus rigoureux et près de ses sous, il n'est fait de faveur à quelque débiteur que ce soit, alors que sous le régime français, cette décision variait avec passablement de fantaisie entre les réels besoins du créancier et l'estime que ce dernier portait au débiteur - peut-être est-ce dans la mauvaise appréciation de ces changements que l'on doit voir la fatale erreur d'Hilaire. Et si le créancier décidait de réclamer son dû, il le faisait auprès de l'Administration coloniale, car le Roi ne préconisait en aucun cas la présence ni l'intervention néfaste, dans sa conception, d'avocats intrigants et/ou profiteurs dans sa colonie. 

Ainsi, je souhaite que, malgré le caractère délicat et tabou du sujet dans une ère où nous sommes tous rompus à la mentalité anglo-saxonne face au gain et à l'argent, des études les plus exhaustives possible soient faites sur les rapports à l'argent sous le régime français en Nouvelle France.

Car si je me souviens que la façon la plus régulière de les traiter était de constituer une rente viagère qui pouvait s'étendre sur plus d'une génération entre créancier et débiteur et leurs descendants, il ne m'est pas apparu évident que des poursuites avaient lieu dans tous les cas de dette. Dans les cas que j'ai connus de redevances seigneuriales non payées, cela pouvait durer des années, le seigneur pouvant faire grâce, dépendamment de la situation de la famille en question.

Dans le cas de plus grosses dettes d'affaires, on recourait, comme je l'ai déjà mentionné, à la constitution de rentes. 

 

Malgré que notre père, gentilhomme, qui estimait les Québécois en général, ne parlait jamais du passé - il préconisait qu'on regardait en avant et non pas en arrière - j'ajouterais peut-être comme épilogue un proverbe français issu du Moyen-Â  ge, tirade qu'il n'a utilisée qu'une couple de fois et dont je ne sais pas si on peut la rapprocher de ce malheureux passé: "Fais du bien au vilain puis il va te chier dans les mains."

 

Références:

1.  18 juillet 1844. Cour du Banc de la Reine, district de Québec. L’Honorable François Quirouet, demandeur Vs Flavien Couillard de Beaumont, défendeur.

2. le 1er février 1843. Province du Canada district de Québec dans le Banc du Roi. Eustache Bacquet dit Lamontagne, demandeur Vs Hylaire Couillard de Beaumont, défendeur.

3. le 16 août 1844. Banc de la Reine. Province du Bas-Canada. District de Québec. G. Bellanger, cult.r, dem.r VH. Couillard de Beaumont, défendeur.  


 

Chronique du 19è 

fiction impromptue, sans prétention aucune

 

"Il freina sa monture et se laissant glisser jusqu'à terre, ivre de grand air, de fatigue, des larmes au bord des lèvres. Obéissant à une impulsion, il se pencha vers le sol et l'embrassa, les doigts plantés dans la terre chaude, pour en arracher quelque herbe sèche sentant bon la terre, le foin.... et le ciel, pensa-t-il. Puis, aussi vivement, il se releva, gêné que quelqu'un, même de loin, ait assisté à ces retrouvailles et rentra à la maison familiale au pas de son cheval.

 

Tableau d''Octave Bélanger. ca 1970. L'arrière-pays. Perso

Regardez bien. Ne le voyez-vous pas au loin chevauchant à brides abattues?

 

"Je te l'dis, m'man, il est tombé de cheval. Je pensais qu'i était malade, qu'i vomissait, mais il embrassait la terre!  

Quand  i s'est levé, il avait les mains pis les pantalons pleins de bouette." Ha, ha, ha!  

"Voyons, garçon, t'en remets pas? Arrête de te rendre intéressant et va serrer ton p'tit bois dans l'appentis, comme ton frère t'a montré l'aut'e jour. On verra bien demain s'il est revenu, le fils du seigneur."

"Mmmm..." murmurait le garçon qui, en sortant de la pièce, enlaça le cadre de porte pour l'embrasser. "D'main, m'man, si je le vois, je m'jette à terre pour embrasser la terre, comme lui."

"Qu'on t'voie faire ça, garnement", réagit sa mère en riant et faisant mine de lui donner un coup de rouleau à pâte sur les fesses. 

Une fois le garçon parti: Je me demande comment on pourrait se passer de ces garnements, petits et grands, pensa-t-elle, attendrie. Demain, celui-là devrait rester ici et aider son frère qui a bien d' l'ouvrage, pensait-elle encore. Les filles, Rodolphe et Daniel iront avec leur père qui, comme d'habitude, ne veut pas manquer les jasettes dominicales sur le parvis de l'église où toutes les nouvelles s'échangent. Là et au moulin. Comme si, nous, les femmes, n'avions rien à ajouter. Nous en avons mais pas du même ordre. Et veut, veut pas, nos nouvelles sont moins primordiales que les leurs.

Demain, je resterai aussi avec ma plus jeune, pensa-t-elle encore. Ce sera mon 3è dimanche à la maison. Charles se fera bien questionner par le curé qui se sentira obligé d'me visiter la semaine prochaine. Je trouverai ben une bonne raison et promettrai d'être là dimanche prochain. Avec la petite que je ne laisserai certainement pas aux garçons qui n'ont pas le temps de s'en occuper.

J'espère qu'elle sera ma dernière, ou mon avant-dernière. Charles est bien d'accord. Il faut penser à établir les enfants qu'on a. Charles fait tout son possible pour avoir assez de biens ;pour établir les garçons et je commence à penser à placer les filles. Laura a bientôt 17 ans, et Marianne, 15 ans. Je me prends à entrevoir deux ou trois possibles prétendants intéressants. Il faut multiplier les occasions de rencontres avec les filles, surtout pour Laura, et cela, cet été. Les rencontres, cela se passe à peu près seulement l'été: les foins, les fêtes de paroisse, la préparation de la kermesse d'automne... 

Si le voisin du 3è rang qui semblait prendre agrément à lui parler l'aut' jour devenait un soupirant, et si c'était réciproque, Charles pourrait glisser un mot de la dot de notre Laura à son père. Je lui en parlerai.