Une autocensure qui a l'air de justifier un génocide apparent

28 avril 2024

C'est l'indignation et l'injustice patente qui m'ont fait réagir de la sorte la semaine dernière, en même temps que le veto américain apposé à l'entrée de la Palestine à l'ONU. Même si, à ce moment-là aussi bien que maintenant, je sais la délicate position de producteurs et d'animateurs évidemment non désireux d'amplifier des sentiments hostiles chez certains groupes de la société mais pensais tout de même qu'une mention, un commentaire empathique et compatissant, sans analyse délicate des intrants et aboutissants, aurait été de mise. Ne croyez-vous pas?

 

Dimanche, 21 avril 2024

La Grande Librairie sur TV5 que j'aime et écoute presque tous les dimanches - avec un animateur pertinent, brillant et captivant - consacre cette semaine une grande partie de son émission hebdomadaire au génocide d'il y a 30 ans au Rwanda. Très bien. Prendre la mesure de ce qui s'y est passé et circonscrire le mal commis, même a posteriori, est nécessaire.

En même temps, quelque chose d'incongru se dégage à ce moment-ci de ces longues minutes à écouter les propos qui s'y rattachent:

les crimes haineux et le génocide commis actuellement, à chaque jour à Gaza, et aujourd'hui en Cisjordanie.

 

Nommer. Nommer ceux qui larguent des bombes de 250 kg sur des immeubles, ceux qui tuent à tous les jours, sans discernement, ceux qui, selon un reportage de chez-nous au Canada concernant des centaines de publications sur les réseaux sociaux, a-t-on rapporté, filment leurs exactions et rient de leurs crimes.

Et ceux qui leur fournissent des armes, ceux qui votent des budgets pour les aider à tuer et à détruire massivement, ceux qui, spectateurs, désirant garder la nation criminelle comme allié stratégique, profitent de leurs crimes en renforçant leur hégémonie dans le monde. 

En insultant, en humiliant, en offensant, en provoquant d'autres peuples, fiers. Et ils sont nombreux. La fierté est humaine

 Nommer les criminels et leurs complices. Au lieu de se taire, d'assister, de ne pas regarder ou de voir sans révolte, en croyant lâchement qu'il doit y avoir des raisons qui le justifient.

 

Mais nous ne sommes pas tous lâches: il y a ceux qui mettent leur image et leur carrière en danger, surtout aux États-unis, pour dénoncer, contester, se révolter. Et crier leur indignation, acte perçu comme indigne entre tous dans nos sociétés camphrées.

 

Et là, maintenant, actuellement à l'émission, ils parlent des Juifs et de l'Holocauste,. Très bien aussi, s'ils ne devaient pas aussi parler, et cela, maintenant, des Palestiniens.

Ils n'en parlent pas. Ils n'en parlent pas: ils ne parlent que des crimes passés.

Nier de tels événements actuels participe d'un déni criminel, .équivalent, à tout le moins à celui de non assistance à personnes en danger.

Comme si on avait besoin d'un recul important, de dizaines d'années, pour reconnaître des crimes de guerre, un génocide ethnique et culturel. Maintenant, celui des Palestiniens.

 

Tout se passe comme si on devait souligner a posteriori et à grands traits nos fautes de discrimination raciale et religieuse, mais pas nécessairement celles d'autres discriminations, notamment pas celle tenant à l'ethnie, à la pauvreté et au dénuement, et cela quand elle est commise par les nantis et puissants de ce monde, les Américains et leurs grands amis Juifs israéliens et américains, tout aussi bien nantis qu'eux