74% ne sont pas favorables

(Modifié le 24)

"74% des Américains ne sont pas favorables à ce que leur pays tienne un rôle majeur dans le présent conflit russo-ukrainien", une déclaration choc issue d'un sondage révélée par l'animateur d'un média américain ce matin. Notre voisin serait-il en déficit de démocratie?

(image tirée de Le Temps, site d'information suisse)

Je parlerai surtout des États-Unis parce que c'est eux que je connais davantage, pour dire que le Pentagone, régulièrement interviewé sur les ondes des médias nationaux "mainstream", n'en ont cure, de ce pourcentage. Car, même lorsque le pourcentage est souligné par l'interviewer, Jack Keane, général retraité, répondait à cette remarque ce matin que ce qu'il veut, c'est parler au président américain qui n'a pas été assez audacieux ni projeté une image assez forte devant ce que, bien sûr - on est au Pentagone américain - ils qualifient d'"ennemis". Évidemment! Avec tout ce qu'ils en ont dit, de la Russie et de son communisme socialiste, depuis des décennies - avez-vous déjà pu attraper un documentaire sur l'hystérie de la période du MacCarthysme aux États-Unis-  ils semblent bien vouloir l'affronter, quand même ce ne serait que pour se distraire des aspects désastreux du capitalisme aux États-Unis via la violence et la pauvreté pérennes sur leur territoire.

J'ai une question pour le général américain du Pentagone: Pendant combien d'années pensez-vous que votre institution militaire survivrait sans guerre aucune? 15 ans? 20 ans?

Ce qui n'a pas empêché le président américain, hier, en Pologne, le même qui qualifiait le président russe de brute et de paria juste avant le déclenchement de la guerre en Ukraine, de proclamer les vertus de la liberté démocratique pour lesquelles il érige l'Ukraine en rempart juste aux portes de la Russie. En effet, j'ai entendu cette semaine un journaliste de LCN récemment affecté à l'international, LCN qui met généralement de l'avant le discours occidental américain ambiant, dire que oui, des Américains étaient intervenus en 2013 lors des manifestations en Ukraine contre l'ancien président ukrainien pro-russe, Viktor Ianoukovitch, élu en 2010. 

Ainsi l'Amérique faisait de l'Ukraine le porte-étendard de sa croisade pour la démocratie en Europe de l'Est. Une sorte de défiance postée aux portes de la Russie.

Qui plus est, l'OTAN, qui, après le démantèlement de l'URSS, avait promis de ne pas se positionner dans les anciennes nations satellites de cette dernière, n'a pas tenu sa promesse et a fait le contraire: elle a installé de nombreuses rampes de lance-missiles en Pologne, en Estonie et en Lithuanie. 

Le président russe a eu tort d'entrer en Ukraine si ses habitants récemment démocratisés, et pas seulement son président, ont voulu joindre l'Union européenne et même l'OTAN. Mais, dans la situation présente où les nations en jeu héritent d'une historique propre à chacune, le président Poutine a raison de qualifier la situation de conflit de civilisation. "Mes choix idéologiques et mon mode vie sont tellement meilleurs que les vôtres" semblent-ils se jeter à la figure.

Négocier? Difficile tant et aussi longtemps que les deux parties ne sont pas à bout de force. Il fallait le faire avant, avec des conditions fermes. Alors que le conflit bat son plein et que, convaincus de part et d'autre de la victoire à venir, on promet encore de l'escalade, une des deux parties devra être épuisée avant que la négociation ne soit envisagée. Choix idéologique valant la peine pour les dirigeants... mais toujours terrible sur le terrain.