Le Protecteur du citoyen est-il sur la bonne cible? À combien d'entités administratives au juste ces reproches, et autres auraient-ils pu être adressés au cours des ans? Il en nomme une mais d'autres demeurent-elles dans l'ombre? Ou seraient-elles innommables par tout autre que lui?
Néanmoins, voici ses constats et conclusion concernant le fonctionnement du ministère de l'Éducation en 2018:
Constats
Il s’agit d’un programme de nature administrative et discrétionnaire. Le budget n’est assorti d’aucun paramètre, critère ou indicateur objectif pour établir l’admissibilité d’un organisme. L’appareil administratif traite, analyse et effectue le suivi des demandes des organismes demandeurs. Le ministre a le pouvoir discrétionnaire d’accepter ou de refuser la recommandation des analystes concernant l’octroi ou non d’une subvention.
L’enquête a révélé plusieurs irrégularités dans l’administration du budget. De plus, des pratiques reprochables ont été adoptées de façon répétée.
1. Le pouvoir discrétionnaire d’accorder une subvention a été exercé de façon inéquitable. Dans plusieurs situations, des organismes ont véritablement bénéficié d’un traitement de faveur.
2. Les autorités politiques ont empiété sur les rôles de l’appareil administratif pour influencer les décisions d’octroi d’aide financière. Certains organismes ont ainsi été injustement favorisés :
- Des relations de proximité existaient entre le cabinet et certains organismes. Cela faisait en sorte que des décisions étaient prises en amont par le cabinet au détriment du traitement administratif de la demande.
- Certaines recommandations au ministre de ne pas octroyer de subvention ont été transformées en recommandations positives.
- Le cabinet a demandé de traiter en urgence le dossier de certains organismes afin de leur octroyer rapidement un financement.
3. Les hautes autorités n’ont pas veillé à la saine gestion administrative des fonds publics consacrés au programme :
- Une aide financière a été accordée à des organismes qui n’avaient pas déposé de demande formelle ou de projet.
- Régulièrement, le mauvais véhicule financier (subvention au lieu de contrat, et inversement) était utilisé.
Version du ministère
Le ministère a affirmé avoir agi en toute transparence avec son personnel et dans le respect de son travail d’analyse. Il a toutefois reconnu la proximité de certains organismes avec le cabinet ministériel.
Conclusion
Le Protecteur du citoyen a conclu à des manquements graves par rapport au comportement attendu des autorités. Il déplore entre autres :
- Un traitement inéquitable favorisant certains organismes demandeurs;
- L’échec des différents acteurs au regard de leur obligation d’assurer une saine gestion de l’interface politico-administrative;
- La démobilisation du personnel qu’a entraîné l’adoption de pratiques non équitables.
Les pratiques constatées constituent un cas grave de mauvaise gestion. Il s’agit d’un acte répréhensible au sens de la Loi facilitant la divulgation d’actes répréhensibles à l’égard des organismes publics.