L'Amour

L'amour. Il était dans notre famille: papa aimait maman. Il savait lui reprocher doucement ses rares moments négatifs mais il est incontestable qu'il l'aimait quand même. Son amour était inconditionnel. Et au matin, je m'éveillais régulièrement avec l'amour qui flottait sans doute dans l'air de notre maison familiale.

L'amour-passion, radieux et envahissant, est merveilleux. La véracité de son aspect amoureux survient lorsque, devant l'inattendue négativité, quel qu'elle soit, chez l'autre, on choisit de se pencher sur lui pour au moins tenter de comprendre et ainsi accéder à quelque chose de plus intime, de plus complet, une essentielle et authentique communication avec cet-te autre tant aimé-e.

Si facile de rassurer et de renverser les questionnements et les doutes, quand l'amour est là. Si facile. 

L'ai-je déjà relaté il y a quelques années, les circonstances où j'ai acquis une copie de cette oeuvre, ma préférée parmi celles que j'ai?

Un souvenir flou où je me tenais avec mon père dans un atelier où il échangeait avec un encadreur. Je les écoutais et comme j'étais frappée par une oeuvre, celle-là, m'est venue l'idée d'initier, - comme je n'avais que 19 ans et qu'il s'agissait d'art, c'était assez audacieux - une négociation. Alors, je me lançai et dis soudainement à l'encadreur - qui sont toujours, en tout cas à cette époque, de grands amateurs d'art visuel: Monsieur, combien est-ce pour celle-ci? Quel âge avez-vous, mademoiselle, furent ses paroles exactes et inoubliables. 19 ans, répondis-je, bien sûr. Alors, c'est 19 $, fut sa réponse. Surprise de ma chance et ravie, je constatais que je pouvais l'acheter.

Et je partis avec Le baiser, 'Il bacio", de Francesco Hayez, 1859, déjà encadré.