Cap sur le Sud-du-Québec

 

 

 

De Québec, cette escapade me paraissait un défi dont je ne connaissais pas la dimension; de près, c'en fut un mais abordable. Alors que la route 143 m'effrayait, je vous la recommande maintenant car quasi-déserte, elle était seulement vallonnée. Réserve sur la route Hatley Centre qui quitte North Hatley vers la 143 dont la majeure partie était en terre battue bordée de quelque gravelle. Sans danger mais très vallonnée: monte, descend, monte, descend, monte... Le seul avantage étant qu'au haut de la pente vous voyez la suivante... et la suivante, et ainsi de suite. Pour les amateurs-es comme moi, on laisse son orgueil dans le fossé et on monte à pied et on file la descente à vélo. 

À quelques kilomètres avant l'affiche Massawippi, la 143 nous a mené sur un plateau d'où on bénéficie d'une vue inattendue - parce qu'on ne réalise pas être si haut - sur les montagnes et sur le lac du même nom, tout cela en inspirant seule, en pleine campagne, un merveilleux alizé estival d'environ 20 km/heure. Puis on quitte la 143 pour prendre la 208... et ça descend. Et voilà la destination: Ayer's Cliff, petit village tranquille non modernisé, à caractère mixte, québécois et anglo-américain.

Le lac Massawippi, si vous l'avez déjà tâté, est excellent. Je le classe devant le Lac-des-Sables de Ste-Agathe-des-Monts que j'avais déjà trouvé très agréable et très sain. Massawippi, de par son isolement et le peu de villégiateurs sur ses rives, le surpasse mais de peu, il me semble. Memphré, pour moi, arrive en bonne 3è position. Parce qu'il y a bien longtemps que j'ai plongé dans le lac Beauport ou dans le lac St-Joseph, tous deux dans les environs de Québec, je ne peux les inlcure dans mon palmarès des lacs de villégiature accessibles de chez nous..

À Ayer's Cliff, j'ai laissé de côté Ripplecove pour des raisons que vous devinerez aisément - en début d'été, ils étaient à plein prix, 357$ la nuit, pour ensuite les couper mi-juiller, probablement par manque d'affluence - et avais réservé à l'auberge du village, maison imposante à deux étages vieille de 200 ans, toute de bois, planchers, plafonds et murs, en bon état mais non rénovée. Le plus important: très propre. Et là, à peine douchée, en prenant tout de même le temps de savourer une limonade romarin sur la terrasse, j'en suis venue au but ultime de la randonnée lors de sa préparation, le Sentier nature Tomifobia. Souvent bordé d'étangs et de mares à pompoms prolifiques, il suit presque tout le temps sur ses 20 kilomètres la petite rivière Tomifobia souvent bordée des gros et grands arbres, et, croyez-moi, un paradis naturel offrant sur son parcours le lys du Canada que je confondais jusque là avec le lys tigré échappé des jardins. La seule différence, le lys du Canada tel un parapluie, ou plutôt tel un parasol, laisse tomber sa jolie tête, un magnifique calice à pétales oranges. N'y a pas que le lys, arrivent aussi des biches mère et fille, puis une autre biche, les pieds dans la rivière, accompagnée de son jeune faon tacheté, sur la rive. Autre surprise: deux énormes oiseaux noirs qui, se croyant sans doute pourchassés, ont couru devant mon vélo sur probablement un demi kilomètre pour enfin prendre les fourrés. On me dit que ce devait être de jeunes dindons. Franchement, avec leur longues pattes d'environ 10 pouces, ils couraient comme des autruches. Bref, tout cela m'a menée à Beebe Plain où je n'ai pas passé la frontière en me contentant, espiègle, de tendre mon pied peut-être sur le trottoir américain sans que les douaniers ne me voient.

Heureusement, l'orage est tombé alors que j'étais à Stanstead; j'ai seulement dû, sur mon retour, éviter les mares en me félicitant, malgré leur prix, de m'être fait poser, juste avant de partir, des ailes garde-boue dignes de ce nom. Journée bien remplie.

Alors que j'étais partie l'avant-veille de Sherbrooke en empruntant l'axe cyclable Massawippi que je recommande fortement pour aboutir à North Hatley, charmant petit village au nord du lac Massawippi, je quittai le 3e jour Ayer's Cliff et le sud du même lac pour me rendre à Magog, que je connaissais déjà, mais en taxi. Vous êtes surpris venant d'une sportive comme moi... Eh bien oui, une route pour s'y rendre d'Ayer's, très fréquentée et relativement étroite, était dangereuse et l'autre parcourait sur terre battue de nombreux kilomètres loin de toute civilisation. Prudence oblige! Le plan était de passer l'après midi sur la plage de Magog à lire et à me baigner, tout en dïnant sur la terrasse de l'hôtel maintenant nommé Verso. J'ai adoré le tout. 

À vous maintenant! À vos jambes! Avec un indispensable, même si modeste, esprit d'aventure

 

Note: À ceux et celles, cyclistes occasionnels-les ou pas, qui désirent suivre plus ou moins ce parcours, soit dit que de Stanstead, il existe vers le sud une autre piste cyclable "bike path" qui mène à Newport, VT.