J'aimerais vous présenter mon petit lapinot, un écureuil funambule qui, amputé de sa queue, ce qui ne lui laisse qu'une petite touffe de poil, joue sa vie sur les fils électriques à tour de rôle enneigés et glacés de ma banlieue et que j'encourage, à chaque deux jours, à coups de toute petites mais nombreuses beurrées de beurre d'arachides.
Jadis, ma mère, compatissante, avait nourri tout l'hiver un écureuil qui s'était sans doute libéré d'un prédateur affamé. car, quémandeur, il l'avait attendrie en offrant, à travers la vitre du rebord de la fenêtre de la salle à dîner, sa gorge mi-ouverte d'ou sanguinolait emmêlés du sang et de l'eau glacé.
Ses dernières visites eurent lieu à ce printemps plus que frisquet qu'offre chez nous la première moitié du mois d'avril.
Satisfaction d'avoir sauvé une vie. Si minime soit-elle, tout simplement parce qu'elle était là, devant nous..