Pseudo-drame électoraliste 2021

J'avais envie de dire, mais je me retenais, que j'appréciais que Justin Trudeau affirme ses convictions. C'est remarquable en ces temps de louvoiement et de mimétisme extrême dans la population comme dans le milieu politique. Je me disais même que ses culottes, dites courtes lors de la campagne de 2015, avaient définitivement trouvé leur place sur ses talons et que les bretelles étaient tombées. À tout le moins en apparence. Je me retenais; je trouvais cela superflu.

Mais là, devant la criée générale face aux propos de la présidente d'Angus Reid, je m'étonne. Je ne m'étonne pas de ses propos à elle qui propulsaient tout de go le chef du Bloq dans la mêlée mais de sa réaction très émotionnelle à lui et surtout de l'indignation partagée par autant de Québécois bien en vue, réaction "toppée", si je puis dire, par la demande d'excuses du premier ministre Legault. Théâtral et puéril si on les prenait au sérieux. 

S'est-il trouvé quelqu'un aujourd'hui pour tenir des propos plus rationnels et surtout plus distanciés? Michel David, Michel Auger, Hélène Buzetti, Josée Legault, ou autres? Je n'ai pas pris le temps d'écouter les analyses politiques.

La vérité est fort probablement que toute cette "scène", comme on dit ici, vise à stimuler le sentiment nationaliste des Québécois-es en les incitant à voter pour le Bloq québécois. Purement et simplement.

En effet, pourquoi ne pas avoir tout bonnement présenté un argumentaire selon lequel les deux lois dites discriminatoires votées par l'Assemblée nationale le sont parce que les Québécois et Québécoises sont une minorité linguistique et culturelle au Canada et que c'est leur droit légitime, selon la constitution canadienne, de s'offrir des règlements et des lois qui protègent leur langue et leur culture.

J'aurais ajouté par surcroît que j'étais flattée pour les Québécois et Québécoises qu'on leur parle comme s'ils étaient non seulement le peuple fondateur du Canada mais aussi et surtout comme s'ils étaient majoritaires, à l'égal des anglophones d'où venaient ces propos. Le calme, la dignité et la maturité sociale qui en imposent. 

Du côté anglophone, tout se passe comme si, tout en opposant les droits des Québécois-es à ceux de la minorité anglophone du Québec, ce privilège accordé aux Québécois-es  par la constitution canadienne était ressenti comme abusif et injuste et comme si protéger les droits des nouvelles minorités ethniques était normal mais pas de protéger ceux des Québécois, aussi minoritaires.

Deux susceptibilités affirmées reflétant un esprit de compétition de même qu'un électoralisme sous-jacent ont provoqué des flammèches, tellement canadiennes.