Oui, je sais. Je sais que cette époque semble avoir le besoin irrépressible de partir à l'assaut des chasses gardées masculines. Je parle ici de la démarche complexe amorcée par les Forces armées canadiennes dans l'intégration et la gradation des femmes dans l'armée et de la résistance ou de la résignation des hommes face à ce qui se dessine comme une fatalité.
Et puis si aucun refuge n'était laissé aux hommes qui ont besoin de se retrouver entre eux, non pas pour boire, non pas pour chasser mais, dans leur esprit, pour servir leur pays, leur société, voire pour aller à la rencontre de la juste cause, se dépasser, ensemble, entre hommes. Pour se trouver plus grand que nature. Les hommes branchés sur eux-mêmes, et non pas seulement sur leur carrière, ont besoin de se retrouver entre eux, parfois en s'affranchissant des contraintes de toutes sortes, mais pas ici.
Entre vous et moi, appuyées en cela par une société en fuite vers l'avant, quel besoin, à part se prouver qu'elles peuvent, là aussi, faire la même chose que les hommes, les femmes ont-elles de se militariser, de gravir les échelons de la hiérarchie militaire, elles qui, nulle part en elles-mêmes, où qu'elles cherchent, pour quelque cause que ce soit, ne veulent mourir en armes?