On ne saurait si bien dire...

...que les "joies de l'hiver".

Soucieuse de me diriger dans cette longue descente avec virage qui, selon les conditions de neige et la fréquence de l'usage, pouvait être fulgurante, le sourire que j'affichais m'était ignoré.

Moqueuse et consciente de semer la joie, je m'exclamais aux gens: "Monsieur! que faites-vous là à marcher?" Et plus bas: "Mesdemoiselles! trop d'efforts. Faites comme moi."

Puis, quelques minutes plus tard, sur les rives du fleuve, je ne pouvais m'empêcher de tendre l'oreille aux frémissements, crissements et craquements de ces maintes couches de glace superposées en blocs plus ou moins volumineux. Le fleuve parle et ce qu'il nous dit, l'hiver, fascine. Car, là-bas, à 100 pieds à peine, il dévale en eau vive, avec fougue et parfois fureur.

Souviens-toi, ma soeur, où bien jeunes encore, un après-midi désoeuvré d'hiver glacial, nous nous étions rendues sur son extrême bordure le voir nous descendre à 2 pouces du nez. Heureusement, nous avons eu raison, cette fois, de nous fier à son épaisseur de quelques 6 pouces pour nous supporter, toutes deux à plat ventre. Si impressionnées qu'il nous a suffi d'un regard  lourd  de silence pour reculer, toujours à plat ventre, fuyant le lugubre grondement de son débit.

Nous aimons l'hiver et le froid. Est-ce à cause de notre père qui, nous ayant proposé un jour une promenade sur ses glaces, nous a appris à vaincre notre résistance à aller plus loin et à affronter un vent et une poudrerie toute sibériennes, en nous lançant un coup d'oeil de reproche accompagné d'un: "Allez! les filles. Avancez"?