Le cas de Julie Payette

 

Ce que je nomme l'Affaire Julie Payette, G.G. du Canada qui a démissionné il y a à peine quelques jours, ramène la question posée cet automne à la radio : "Mais c'est quoi, un milieu toxique?" 

Comme mon expérience de travail a été longue et multiple, en ce sens qu'au cours de ces 45 années, j'ai travaillé en milieu privé, public et PPP, en tant que professionnelle contractuelle en psychologie et en tant que simple employée, que j'ai été en contact à divers niveaux en tant que l'un ou l'autre, professionnelle ou employée, avec des milliers de personnes, je me permets, pour en avoir été témoin, de vous donner mon avis sur ce qu'est un milieu de travail toxique.

Lorsque les cadres d'un milieu de travail appuient, ou sont peut-être à l'origine de jugements et de perceptions biaisées, injustes et non fondées de la part de certains-es de leurs employés-es à l'endroit d'autres employés-es, lorsque ces mêmes employés-es, par la communication de rumeurs, de ragots ou d'interprétations, ont une influence sur la perception d'autres collègues, lorsqu'il y a une ou des personnes ciblées de façon non fondée par de tels jugements ou rumeurs qui atteignent son image, son avancement et/ou sa réputation, lorsqu'existent de la connivence entre quelques employés-es avec un-e cadre et que cela donne lieu à des faveurs ou privilèges qui s'accompagnent à l'occasion, pour les besoins de la situation, de camouflage et de mensonges, vous avez affaire à un milieu toxique. Un milieu toxique qui, vous le devinez, s'accompagne toujours d'une gestion déficiente par manque de compétence, de sens des responsabilités et de qualités personnelles, notamment de leadership, de la part d'un ou des cadres impliqués-es, et fort probablement aussi de la part de ceux de la pyramide hiérarchique, si c'est une compagnie ou un organisme important.

Car on s'entendra sur ceci: un-e superviseur-e, ou un cadre de premier niveau, qui communique une telle perception sur un-e employé-e, ou sur un-e collègue de même niveau, à un supérieur de la pyramide hiérarchique qui, pour sécuriser sa position dans l'organisme, ne se soucie en rien d'en vérifier le bien-fondé dans le but d'éviter que ce-tte subalterne se sente menacé-e en médisant en retour à son égard, ne sert en rien la qualité de son milieu de travail, non plus que ses obligations morales ni professionnelles, et laisse le champ libre à ce cadre qui présente à tout le moins des caractéristiques de sérieuse incompétence ou même d'amoralité, si elle sait pertinemment que ce qu'elle prétend est injuste, erroné et non fondé.

Si chaque intervenant de cette hiérarchie, à quelque niveau qu'il/elle soit, agit pour ces motifs de cette façon, on s'entend qu'on souhaite cette grave problématique temporaire et circonstancielle et qu'une enquête interne y soit préconisée le plus rapidement possible, ce qui, dans un milieu aussi pollué, à cause des intérêts des personnes en place, n'est souvent pas le cas, la problématique ne se réglant, peut-être, que progressivement, au cours des années. Il ne nous reste qu'à nous souhaiter: Bonne chance!  Entre autre pour la suite, si vous désirez changer de milieu de travail. 

 

L'on entend quelqu'un s'exclamer: Mais qu'est-ce qui peut motiver ces gens à agir de la sorte?

De la part des employés, la compétition, la perfidie et plus souvent que vous ne le pensez, comme l'a déjà déclaré publiquement un médecin, le manque de jugement occasionné par ce 20% de gens médicamentés, parfois significativement, mais fonctionnels, près desquels il arrive qu'on travaille et à qui vous aviez candidement un jour déclaré qu'on était "comme des soeurs";

de la part des supérieurs, je l'ai dit plus haut: la faiblesse de jugement des uns et des autres, donc l'incompétence, la négligence, l'irresponsabilité, et l'arrogance, oui, l'arrogance dans le sentiment de supériorité produit par l'application d'une sanction sévère, et souvent, très souvent, l'intérêt carriériste d''écarter un-e employé-e surqualifié-e. Perfidie de gestionnaires.

 

Pour illustrer plus concrètement la gestion des gens de ce lamentable milieu en particulier, laissez-moi vous dire que j'ai vu de mes propres yeux une collègue recevoir des courriels que je qualifierais de haineux et menaçants de la part d'un nouveau-venu, courriels qu'elle a transférés aux superviseures. Ce garnement a quelques mois plus tard été promu dans le service, en apparence parce qu'il s'était mis copain-copain avec tous les nouveaux et nouvelles recrues du bureau, et plus. Cherchez l'erreur...

Vous vous demandez quelle avait été l'historique, dans ce milieu, de cette collègue qui a reçu de tels courriels? Eh bien, elle avait dès son arrivée - je l'ai entendu dire - été la cible de visées compétitrices de la part d'un groupuscule de quelques personnes dont l'une a communiqué quelques années plus tard l'essentiel de ces propos à un nouvel employé qui, lui, les a relayés à d'autres arrivés encore plus tard, dont était le garnement mentionné plus haut. Le résultat en a été qu'à part quelques anciens, personne, au cours des ans, non plus que le garnement en question, n'avait jamais adressé la parole à ma collègue. Pas une seule fois, j'en ai été témoin.

Comprenez-vous maintenant ce qu'est un milieu toxique ou empoisonné, voire sociopathe?

 

J'hésite à ajouter que, dans le contexte d'un milieu toxique, en mettant la cible de rumeurs et ragots en position de défense et donc de démentir les interprétations de son ou ses agresseurs-es, l'accusateur-trice a très généralement le bénéfice de l'issue de cette situation, de même que plus ce milieu en impose par son importance, sa richesse et/ou son prestige, plus sa direction pourrait être prête à tout, mais à tout, incluant mensonges, accusations, et tout ce que vous pouvez imaginer d'autre, pour protéger son image et sa réputation qu'elle veut impeccable. 

 

Si l'on revient au cas de Julie Payette et encore dans l'optique de ma longue expérience de terrain, elle qui est astronaute et une grande scientifique semble avoir créé, sans l'avoir voulu ni s'en être rendu compte, un milieu de travail qui lui est hostile. Car, si elle avait été elle-même animée par un état d'esprit tel que décrit plus haut ou par quelque chose s'en approchant, en tant que "patronne" elle aurait pris les choses en main en dénonçant, même gratuitement, le comportement de tel ou tel employé-e après lui avoir monté un dossier; elle n'aurait certainement pas été la cible de ses propres employés-es.

Car son expérience professionnelle et sa formation l'ont probablement conduite à avoir des attentes élevées et peut-être irréalistes qui, exprimées rigoureusement, pouvaient très bien avoir l'air d'exigences sine qua non vis-à-vis lesquelles les employés-es se sont sentis-es intimidés-es, voire menacés-es dans leurs postes.

En réalité, elle est la victime de sa rigueur en même temps que d'un sentiment de crainte chez ses employés-es. 

 

Maintenant, amis ou pas, il est temps pour nous d'écouter ceci.

Merci à Finding Forrester et à Bill Frissell de partager leur travail et leur talent pour nous.