La rectitude politique

Tout d'abord,  je me demande comment la rectitude politique, cette façon de faire et d'être qui a cours depuis toujours dans de fructueuses relations diplomatiques, a trouvé son chemin vers le milieu universitaire et même vers celui de la presse.

Car la liberté académique en cause est tout à fait parente de la liberté de presse en cause, cela, contrairement à ce que vient de dire François Cardinal à l'émission d'Anne-Marie Dussault qui dissocie ces deux libertés. Pourquoi? La liberté d'inclure un sujet dans son cursus de cours et celle de discuter ou de critiquer le même sujet par le biais de la presse se conjugue tous deux avec le droit d'en parler quoique dans des contextes différents et de manière différente, avec des objectifs peut-être différents, mais pas toujours.

 

Dans le domaine privé et même universitaire, admettra-t-on que le dogme de la rectitude politique peut conduire à la manipulation émotionnelle par des gens qui ne sont pas toujours directement ni personnellement concernés par le sujet? 

Se rend-on compte, en se déclarant ouverts à la censure de nos propos, de la permission alors accordée à toute personne qui pourrait s'octroyer de manière abusive le pouvoir de la réclamer? Quelle outil de censure concède-t-on alors à qui que ce soit qui voudrait se prévaloir de cet immense privilège de bâillonner ses interlocuteurs... et ses professeurs!en faisant valoir de telles prétentions outrancières!  Si vous fréquentez la société dans des milieux non éclairés, vous avez dans ces dernières années assisté à de telles prétentions, n'est-ce pas?

 

Mais voilà qu'on voudrait maintenant faire prévaloir cette rectitude dans des milieux qui ont toujours été considérés comme éclairants, ou éclairés par des échanges de vues sur des sujets divers. C'est inacceptable dans une société ouverte. Une autre démonstration, si c'était nécessaire, que l'on ne va pas toujours de l''avant dans l'histoire des civilisations et qu'on recule parfois sur certaines coutumes acquises et progressistes: ici, sur le droit à l'échange de vues et à la discussion qui présume l'ouverture d'esprit et la tolérance de nos interlocuteurs.