Le sosie de Sean Connery


31 octobre 2020 (modifié en 2021 et 2022 mais pas dans l'essentiel, des précisions ayant été ajoutées)

 

L'annonce du décès de l'acteur Sean Connery me rappelle une rencontre pour le moins intrigante. En effet, profitant en juin 2009 d'une semaine de vacances,  je planifiai me rendre à vélo, par la piste cyclable, à St-Georges ou demeurait mon frère à l'époque. Mais cet après-midi-là, je m'étais arrêtée à l'auberge Entre Rivière et Montagne bien plus tôt qu'à mes habitudes lors de pareilles escapades à vélo. Car, quoique protégée par mon poncho d'armée vert, j'avais dû essuyer un déluge continu; il avait plu à sciaux depuis le début de l'après-midi.

 

Montée à l'étage des chambres, je pouvais clairement entendre, venant d'une chambre située de l'autre côté d'un large palier ouvert, une femme parler fort, en disputant manifestement quelqu'un. Lorsqu'une heure ou une heure et demie plus tard je barrais la porte de ma chambre pour aller souper, cette même voisine disputait toujours alors que, cette fois, j'entendais une voix masculine répondre tranquillement, presque murmurant, avec ce que j'estimai aussitôt être beaucoup de patience. 

Plus tard, de retour du souper et d'une petite marche, parvenue sur le palier de l'étage, je le discerne encore, à travers les brumes du temps, qui se trouvait là, sur ce même palier, devant la fenêtre arrière, près des escaliers. Alors que je fouillais probablement dans mon sac pour mes clés, il vint vers moi, décontracté.

Grand, dans la mi-temps de la vie, il m'aborda sur un ton à la fois doux et grave, intimiste, puisqu'à quelques pouces de mon visage. Un homme mûr et charmant. Je crois bien me souvenir qu'il m'a demandé ce qui m'amenait dans ce coin de pays. À ma réponse, il commenta dans un français sans accent et impeccable que, Britanniques et profs de français, lui et sa compagne de voyage se rendaient à un congrès de profs de français.

 

Le lendemain matin, au déjeuner, sa compagne, de bien meilleure humeur que la veille, une brune foncé, dans la quarantaine, à la chevelure dense et courte, me conversait avec entrain.

Dans mon champ gauche, de l'autre côté de la table, je le voyais bien, lui, silencieux et semblant embarrassé. À quoi songeait-il rougissant ainsi, le nez plongé dans son assiette?

Partie de l'auberge à vélo devant eux par une matinée radieuse, je vois encore, dans mon souvenir, le VUS noir me dépasser sur la route côté ouest de la rivière, vers le sud. 

 

Ajout 2021: "Je ne sais plus quand ni à quel instant fugace, j'ai pensé qu'il me rappelait vaguement quelqu'un: la taille, le visage, la voie grave et douce à la fois... Je me demande bien ce qu'est devenu cet homme aujourd'hui."