Avons-nous le droit?

Que diriez-vous si je vous révélais que l'autre jour, lorsque, tout à coup, j'ai vu entrer quelqu'un qui manifestement refuse son genre, peut-être transgenre, j'ai reçu comme un coup au coeur, au centre de moi. Ai-je le droit? Avons-nous encore le droit d'être heurtés, blessés en l'essence de notre être humain face à cette nouvelle réalité?

Je sais, la nature n'existe pas ou pas pour tout le monde, mais encore... Ai-je le droit de penser que, pour ces personnes, elle n'existe pas pour cause de leur mal-être intérieur, de l'errance de leur âme et identité qu'elles tentent de corriger en s'affirmant au su et au vu de tous et toutes, à outrance, par ce biais de l'identité sexuelle ou plutôt du refus de toute identité genrée?

M'accueillerez-vous dans ce sentiment d'extrême perplexité, voire de tristesse?

Je serai sans doute choquante pour ces personnes si j'ajoute que ce qui me confond, c'est qu'on les accueille en cet état d'esprit qui est le leur mais qu'en ce qui concerne les anorexiques, elles - quoiqu'il existe une minorité masculine - sont jugées par les spécialistes psychiâtriquement malades - parce qu'elles attentent à leur intégrité physique en se privant de nourriture - mais pas les transgenres qui se font mutiler pour se sentir enfin réalisés-es dans leur être intérieur véritable. Mais c'est tellement ignorer que la psyché - et le cerveau physique - est si malléable que si vous envisagez une réalité, elle deviendra aussitôt réelle et qu'elle le restera tant et aussi longtemps que vous répéterez cette image, ce concept. C'est aussi la raison pour laquelle certains-es transgenres qui ont commencé leur transformation ont soudainement réalisé que c'était traumatisant et que ce n'est pas ce dont ils-elles ont réellement besoin.

Par surcroît, ces personnes ont-elles pensé à tous les défis et à toutes les misères inévitables de toutes sortes, physiques et psychologiques, qu'ont affronté leurs ancêtres, leurs ancêtres mais aussi plusieurs de nos contemporains? Alors, ne voient-ils, ou elles, pas la disproportion entre la difficulté de ces réalités et la leur? 

Je peux vous dire que sachant cela et considérant les difficultés auxquelles leurs voisins, leurs parents ou leurs grands-parents font ou ont fait face par le passé, nos contemporains, publiquement silencieux, refusent de croire qu'ils et elles - et vous pardonnerez le pragmatisme de cette déclaration - vont payer pour ce qu'ils considèrent comme des errances.