Lettre à Mathieu Bock-Côté

M. Bock-Côté, d'abord merci à vous - et à tout autre éditorialiste ou chroniqueur - tout simplement d'être commentateur, analyste ou chroniqueur en ces temps de transition de tous ordres que nous vivons. Vous me permettrez sans doute de faire de même par cette réponse à votre position exprimée dans le Journal de Québec il y a quelque temps.

En effet, par cette chronique, vous sembliez attribuer à la présence et à l'attitude des Anglophones du 19è siècle le comportement résilient des Québécois. Croyez-vous vraiment que ces derniers, alors sur leurs terres dans les campagnes, se sont sentis rabaissés ou remis à leur place par la présence anglaise dans les villes? Car, à cette époque, seule une poignée de Québécois citadins travaillaient pour eux, par exemple sur les chantiers de bois dans la banlieue de Québec.

Pour expliquer le comportement discret, résilient et silencieux des Québécois dans bien des occasions, je penserais davantage à l'omniprésence des cléricaux dans leur vie, non seulement en chaire - vos grands-parents se souviendront des prônes dans lesquels le péché, le diable et la sainteté avaient la vedette, et des indulgences payées pour s'amender - mais même dans leur vie privée, par les visites, rencontres et conversations au presbytère ou même à la maison.  

Résilients lorsqu'ils se croient isolés parce qu'en groupe, ils ont pu, par le passé, avec raison, se montrer véhéments: pensons par exemple aux mouvements syndicaux du 20e siècle et aussi à la révolte dans les rues de Québec lors de la conscription. 

Et tant qu'à parler de comportement en société, que dire des Québécoises! En effet, lorsqu'elles ne sont pas membres de corporations professionnelles, elles font très souvent corps avec leur groupe de collègues féminines non seulement en écoutant et appuyant tout ce qui se dit, même les potins, rumeurs et ragots, mais allant parfois jusqu'à agir conformément à ces propos qu'ensemble elles ne questionnent à aucun moment.

On se croirait en ces temps immémoriaux qu'on a considérés au siècle des Lumières, il y a de cela déjà 300 ans, comme l'obscur Moyen-Âge. 

Il faut souligner cependant que je n'ai jamais vu ce comportement dans des groupes de femmes professionnelles, ces dernières étant sans doute fières de leur statut social et voulant être à la hauteur de leurs professions respectives.

En vous saluant respectueusement,

Paule Juliette de Beaumont